Tutoriel : pose de carrelage sur un ancien sol de cuisine

Comment poser du carrelage sans dépose de l’ancien sol ? Découvrez la méthode étape par étape pour moderniser votre cuisine rapidement et durablement.

Outils, matériaux et prérequis

Rassemblez minutieusement votre matériel avant de vous lancer : une pose réussie ne laisse pas place à l’improvisation.

• Équipement : niveau à bulle ou laser, règle de maçon, maillet, coupe-carreaux, meuleuse équipée d’un disque céramique, spatules crantées (8 à 10 mm), croisillons, peignes, taloche éponge.
• Préparation du support : lessive dégraissante, aspirateur puissant, primaire d’accrochage compatible avec le support, ragréage fibré si nécessaire.
• Collage et joints : mortier-colle C2S1 ou C2S2, colle flexible adaptée en cas de plancher bois, mortier de jointoiement CG2, silicone sanitaire pour les bords.
• Sécurité : gants, lunettes, masque FFP2, genouillères, protections auditives.
• Prérequis : sol propre, sain, stable, et sec. Température ambiante entre 10 et 25 °C, avec ventilation régulière du chantier.

Pensez à vérifier les hauteurs au niveau des seuils et l’ouverture des portes : l’ajout de couches peut créer une marche qu’il convient d’anticiper à cette étape.

Étape 1 : Diagnostiquer l’ancien sol

Objectif : comprendre l’état du support pour décider des corrections nécessaires.

Commencez par identifier la nature du sol : carrelage, PVC collé, parquet, chape peinte ou pierre naturelle. Repérez les zones creuses, les carreaux instables ou les fissures. Sur carrelage ancien, tapotez doucement avec un maillet et marquez chaque élément décollé. Sur parquet, vérifiez la rigidité des lames et leur jeu éventuel.

Utilisez une règle de 2 mètres pour mesurer la planéité. Un écart supérieur à 5 mm doit être corrigé. Identifiez également les traces de gras, courantes en cuisine. Une bonne pose exige un support propre et offrant une parfaite adhérence. Si le doute persiste quant à la stabilité du sol, pensez à poser une membrane de désolidarisation, qui limitera la transmission des fissures.

Méfiez-vous des revêtements très anciens. En cas de suspicion d’amiante, arrêtez tout et faites réaliser un diagnostic spécialisé : la sécurité doit demeurer prioritaire.

Étape 2 : Démonter, nettoyer et dégraisser

Objectif : enlever tous les éléments gênants et obtenir une surface parfaitement propre, condition essentielle pour une bonne adhérence.

Retirez les plinthes si cela est possible. Retirez les seuils, les caches (si existants) et les joints silicone vieillissants. Aspirez soigneusement toutes les particules et poussières. Dégraissez ensuite avec une lessive alcaline, rincez le tout abondamment puis laissez bien sécher. En cas de carrelage brillant, effectuez un léger ponçage pour faciliter la prise du primaire.

Pour le PVC collé, contrôlez la cohésion. Si le revêtement se décolle sans difficulté, retirez-le totalement ; s’il est solidement fixé, poncez-le pour briser la pellicule de surface. Une mauvaise dégraissage est une cause fréquente d’échec, surtout en cuisine : multipliez rinçages et passages de l’aspirateur pour une propreté irréprochable.

Pensez à protéger meubles et électroménager, coupez l’alimentation des appareils à proximité de l’eau et travaillez en gardant la pièce bien aérée.

Étape 3 : Corriger la planéité et la rigidité

Objectif : garantir que le nouveau carrelage repose sur un support plat et rigide, base d’un rendu parfait.

Bouchez trous et éclats avec du mortier de réparation. Si les écarts dépassent 5 mm, appliquez un ragréage fibré et utilisez une barre à débuller pour éliminer les bulles d’air. Respectez les délais de séchage selon l’épaisseur et la notice. Sur plancher bois, fixez solidement chaque lame et ajoutez un panneau OSB vissé si besoin : un sol souple entraîne des fissures dans les joints du carrelage.

Contrôlez à nouveau la planéité avant collage. Passez la règle, traquez les bosses et corrigez-les. Le succès de la pose sur ancien sol dépend de la régularité de la surface, surtout avec des carreaux de grand format.

Étape 4 : Appliquer le primaire d’accrochage

Objectif : assurer l’adhérence entre ancien sol et mortier-colle, une opération rapide mais essentielle.

Sélectionnez un primaire d’accrochage adapté au support : carrelage émaillé, PVC, bois ou béton peint. Étalez-le à l’aide d’un rouleau ou d’une brosse. Respectez scrupuleusement les temps de séchage. Appliquez un film continu, fin et sans excès (évitez les flaques, qui nuisent à l’adhérence).

Pour les supports très fermés, choisissez un primaire spécifique renforcé avec du sable de silice pour offrir une rugosité supplémentaire. Une étape soignée ici vous évitera bien des soucis plus tard. Travaillez proprement, pièce par pièce.

Étape 5 : Calepinage précis et découpes

Objectif : anticiper l’implantation des carreaux et limiter les coupes disgracieuses. La réussite esthétique se joue maintenant.

Tracez un axe principal selon la longueur de la cuisine et équilibrez les coupes de chaque côté. Fuyez les bandes trop étroites (moins de 5 cm) le long des plinthes. Positionnez quelques carreaux à blanc, ajustez si besoin. Un bon calepinage réduit les pertes et facilite la pose.

Prévoyez des joints périphériques de dilatation : laissez 5 à 8 mm aux abords des murs en utilisant des cales.

Pensez aux zones techniques : pieds de meubles, seuils, passages d’eau. Identifiez les découpes complexes à réaliser en dernier. Travaillez avec un coupe-carreaux précis et une meuleuse pour les formes arrondies ou atypiques.

Étape 6 : Coller les carreaux comme un pro

Objectif : poser régulièrement et à la bonne cadence, avec une colle adaptée. La précision d’alignement est primordiale.

Pour des carreaux standard à grand format, optez pour un mortier-colle C2S1 ou C2S2. Sur les grands formats, privilégiez systématiquement le double encollage. Répartissez la colle avec une spatule crantée, puis « peignez » le dos de chaque carreau pour renforcer l’adhérence. Posez les carreaux, tapotez-les délicatement au maillet, et vérifiez l’alignement à l’aide de croisillons ou d’un système autonivelant.

Travaillez par zones de 1 à 2 m², sans laisser la colle sécher en surface. Nettoyez rapidement toute bavure, contrôlez fréquemment la planéité avec la règle. Restez rigoureux et avancez en reculant vers la sortie pour ne pas marcher sur la zone fraîche.

Veillez à bien respecter les temps de prise de la colle, pour garantir la solidité de l’ouvrage.

Étape 7 : Réaliser des joints durables

Objectif : protéger le carrelage, garantir l’étanchéité et soigner le rendu final.

Attendez que le mortier-colle sous les carreaux soit complètement sec avant de procéder. Préparez votre mortier de joint selon les instructions du fabricant. Étalez en diagonale à la raclette en caoutchouc, en veillant à bien remplir les alvéoles. Après une légère prise, nettoyez à l’éponge juste humide, en rinçant régulièrement sans saturer d’eau.

Traitez les contours et zones sensibles avec du silicone sanitaire. Posez des joints de fractionnement si la surface est vaste. Sur plancher bois, préférez des joints flexibles pour absorber les mouvements du support. Une exécution soignée à cette étape préserve la beauté et la fiabilité de votre sol.

Une fois sec, passez un voile de finition pour éliminer toute trace de laitance, idéalement à la lumière rasante pour bien visualiser les éventuels résidus.

Étape 8 : Finitions, remise en service et entretien

Objectif : finaliser l’ouvrage et prolonger la durée de vie du sol carrelé.

Remettez les plinthes en place, posez les seuils, et ajustez la hauteur des portes si besoin. Appliquez un hydrofuge sur les joints en fonction du type de matériau de votre carrelage. Patientez 24 à 48 heures avant une circulation normale et évitez tout choc lourd durant les premiers jours.

Pour l’entretien, privilégiez des produits neutres ; évitez l’eau de javel ou les détergents gras. Protégez les pieds de meubles avec des patins. Un bon entretien maintiendra l’élégance et la stabilité de votre sol sur le long terme.

Si vous prévoyez un futur changement d’aménagement, pensez à réaliser vos découpes sous les meubles pour un rendu impeccable et modifiable facilement.

Dépannage, limites et méthodes alternatives

Un carreau sonne creux après la pose ? Percez deux petits trous et injectez une résine appropriée. Si l’adhérence est insuffisante, retirez et recolle la zone concernée : il vaut mieux corriger tôt que tard. Pour des joints fissurés, vérifiez la rigidité du support et remplacez-les par des joints flexibles si nécessaire.

Pour des tâches de laitance difficiles à éliminer, optez pour un nettoyant spécial non agressif, toujours en testant d’abord sur une zone discrète. Si des fissures apparaissent, la pose d’une membrane de désolidarisation lors d’une intervention ultérieure est conseillée, afin de limiter les remontées dans le carrelage.

Vous hésitez encore entre carrelage et enduits contemporains ? Prenez le temps de comparer usages, entretien et esthétique. Consultez ce guide sur les revêtements de sol de cuisine pour mieux orienter votre choix.

Connaître les limites : si la hauteur finale devient trop importante, que les seuils posent problème ou que le support s’avère trop fragile, la dépose complète du revêtement existant reste la meilleure solution. Consultez toujours un professionnel en cas de doute pour ne pas masquer un défaut structurel par votre nouvelle pose.

Conclusion

Vous connaissez désormais chaque étape, du diagnostic initial aux dernières finitions. Une préparation minutieuse – propreté, planéité, primaire et pose précise – garantit un sol de cuisine solide et esthétique. Le soin apporté aux joints scelle l’étanchéité et la longévité de votre projet. Avec cette méthode, la pose de carrelage sur un ancien sol de cuisine devient à la portée de tous et durable.

Si votre cuisine présente des spécificités particulières, n’hésitez pas à solliciter l’avis d’un professionnel. Un expert saura confirmer la faisabilité, choisir les bons produits, et gérer les raccords délicats.

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