Rénovation énergétique collective : comment lancer une démarche de rénovation au niveau d’un immeuble entier

Par Maria Salhi | 04 novembre 2025

Renovation énergétique d'immeubles : améliorez le confort et la valeur de votre copropriété tout en réduisant vos charges !

Pourquoi viser une rénovation énergétique à l’échelle de l’immeuble

Intervenir immeuble par immeuble permet de cibler les principaux postes de déperdition : toiture, façades, menuiseries, ventilation et chauffage. De vraies économies apparaissent lorsque l’enveloppe du bâtiment et ses équipements sont traités de manière cohérente et simultanée. Résultat : confort acoustique et thermique amélioré, charges mieux maîtrisées, valorisation du patrimoine pour chaque copropriétaire.

Les réglementations encouragent aussi de telles démarches. Désormais, il n’est plus possible de louer un logement classé G lors de la signature, du renouvellement ou de la reconduction d’un bail depuis le 1er janvier. D’autres classes énergétiques, comme F et E, seront également concernées dans les prochaines années selon le calendrier légal établi. À ces évolutions s’ajoute le gel des loyers pour les logements énergivores.

Poser les bases : DPE collectif, plan de travaux et budget

Le DPE collectif (Diagnostic de Performance Énergétique) mesure la performance énergétique de l’immeuble. Il est obligatoire pour les bâtiments dont le permis de construire précède 2013 , déjà en vigueur pour les copropriétés de plus de 200 lots, il s’étend désormais à celles de 50 à 200 lots, et concernera toutes les copropriétés dès le 1er janvier 2026. Ce diagnostic reste valable dix ans.

Le plan pluriannuel de travaux (PPT) se prépare et se vote étape par étape en copropriété. Il planifie sur dix ans les interventions à réaliser, estime leur coût et définit un calendrier d’exécution.

Pensez également au financement, à travers le fonds de travaux. Ce fonds, obligatoire, doit être alimenté chaque année à hauteur d’un pourcentage du budget prévisionnel. Des modalités spécifiques s’appliquent si un PPT est adopté. Le syndic a la charge d’ouvrir un compte dédié, et le montant de la cotisation est voté en assemblée générale chaque année.

À noter : l’absence de DPE collectif n’expose pas à sanction si la question a été inscrite et discutée en assemblée générale, mais il est préférable d’avancer rapidement pour anticiper d’éventuels blocages.

Constituer l’équipe projet dès le départ

  • Conseil syndical et syndic : ils définissent l’ordre du jour, organisent la collecte de devis et gèrent le calendrier des votes en AG.
  • Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO), un assistant de gestion de projet, joue un rôle clé dans la structuration de l’audit, l’élaboration des scénarios de travaux et la préparation des dossiers pour les aides. Son accompagnement est requis pour obtenir certains financements collectifs.
  • Architecte d’intérieur et bureau d’études thermiques : ils priorisent l’enveloppe, coordonnent les différents corps de métier et veillent au respect de l’esthétique des parties communes.
  • Entreprises RGE : elles garantissent la conformité des travaux avec les exigences d’éligibilité pour les aides, tout en assurant une exécution de qualité.

Un pilotage de projet rigoureux, des rôles bien répartis et une prise de décision rythmée lors des assemblées générales permettent d’accélérer fortement le calendrier de la rénovation.

Choisir un scénario de travaux pertinent

1. Miser d’abord sur l’enveloppe

Commencez par isoler la toiture-terrasse et les façades, traiter les ponts thermiques et remplacer les menuiseries si besoin. Optez pour une ventilation hygroréglable ou double flux pour éviter l’humidité et garantir une bonne qualité d’air intérieur.

2. Adapter la production de chaleur

Envisagez de remplacer les vieilles chaudières fioul ou gaz par des systèmes de production de chaleur décarbonés : réseau de chaleur performant, pompe à chaleur collective, appoint solaire thermique ou biomasse selon les contraintes locales. En présence d’un réseau de chaleur, le remplacement des équipements et leur raccordement conditionnent parfois l'obtention de certaines primes énergie. Pour un avis détaillé sur l’intérêt d’une solution biomasse collective, consultez notre analyse sur le chauffage au bois en collectif.

3. Individualiser et piloter

Installez des répartiteurs ou compteurs d’énergie pour que chacun règle en toute transparence sa consommation réelle, si le chauffage est collectif. Cette individualisation est en principe obligatoire, avec quelques exceptions techniques précises.

Boucler le financement : le mix d’aides à activer

  • MaPrimeRénov’ Copropriété : attribuée aux travaux collectifs permettant un gain énergétique d’au moins 35 %. La prime finance une part des travaux, dans la limite d’un plafond par logement, et des bonus existent, notamment en cas de sortie de passoire énergétique. Le dispositif cible les immeubles où la majorité des lots sont occupés en résidence principale. Les ménages modestes peuvent cumuler cette aide avec une prime individuelle.
  • Règles et précisions récentes : l’installation d’une chaudière gaz ne donne pas droit à un financement (sauf cas exceptionnels votés en AG et déposés selon le calendrier réglementaire). La participation de l’AMO est obligatoire pour compléter la demande, et le syndic centralise les démarches via un dossier unique. Une fois la subvention obtenue, il la répartit selon la quote-part de chaque copropriétaire.
  • Certificats d’économies d’énergie (CEE) – Coup de pouce collectif : cette aide stimule la rénovation performante, avec deux niveaux selon le remplacement ou non d’équipements fossiles. Le montant plancher est de 41 €/m² pour un remplacement par une énergie renouvelable, 27 €/m² dans les autres cas, sous conditions techniques (BAR-TH-177). Des justificatifs renforcés sont désormais requis.
  • Éco-PTZ Copropriétés : jusqu’à 50 000 € par lot pour une rénovation globale (avec audit préalable), ou de 7 000 à 30 000 € selon le nombre d’actions menées. Le recours à ce prêt doit faire l’objet d’un vote en AG.
  • Nouveau prêt collectif à adhésion automatique : instauré dans le cadre de la loi habitat dégradé, ce financement collectif permet d’emprunter sur 25 ans maximum, avec un cautionnement public partiel. Les banques déploient progressivement ce dispositif.

Organiser la décision en assemblée générale

  1. Commencez par obtenir le vote de l’AMO, celui de l’audit énergétique ou du diagnostic technique global (DTG), ainsi que du DPE collectif si ce dernier n’a pas encore été réalisé.
  2. Présentez 2 à 3 scénarios chiffrés : intervention sur l’enveloppe seule, enveloppe plus chaufferie, ou rénovation globale performante.
  3. Choisissez le scénario de travaux cible et les lots à traiter, puis actez le planning d’exécution.
  4. Validez le plan de financement : aides, CEE, éco-PTZ, prêt collectif, appels de fonds.
  5. Lancez les consultations avec des entreprises RGE et fixez un calendrier précis et sécurisé.

Le bon déroulement repose sur une information transparente, des visites techniques pédagogiques et un rétroplanning partagé avec tous les copropriétaires.

Points à prendre en compte avant de voter

  • Patrimoine et façades : en secteur protégé, les autorisations administratives allongent sensiblement les délais.
  • Vie en site occupé : prévoyez un phasage précis des travaux, définissez les horaires d’intervention et organisez la circulation des résidents de manière sécurisée.
  • Réseau de chaleur : son accessibilité ou son absence peut conditionner l’éligibilité à certains financements comme les CEE.
  • Limite budgétaire : prévoyez des variantes de travaux si, lors de la consultation, les devis dépassent l’enveloppe fixée.
  • Garanties : exigez le contrôle des assurances, la mise en place de pénalités de retard et des conditions claires pour la réception des travaux.

renovation-energetique-immeuble

Pourquoi se faire accompagner par Renovation Man

Renovation Man pilote chaque étape du projet : estimation précise, sélection d’entreprises qualifiées, montage des dossiers d’aides, et gestion de chantier sécurisée jusqu’à la livraison finale.

Nos architectes d’intérieur imaginent des solutions sobres et efficaces : intégration de l’isolation, valorisation des parties communes, chaufferies performantes et ventilation à la fois discrète et performante. Dès le premier rendez-vous, un expert dédié accompagne vos décisions en AG et suit rigoureusement l’avancée du chantier.

Pour approfondir les choix d’équipements et de matériaux dans les logements privatifs, notre blog regorge de guides concrets sur toutes les solutions de chauffage et de rénovation.

Feuille de route type pour votre immeuble

  • Mois 0 à 3 : vote de l’AMO et des études, relevés techniques, DPE collectif.
  • Mois 4 à 6 : scénarios chiffrés, réunions d’information, choix du scénario retenu.
  • Mois 7 à 10 : montage des dossiers d’aides, consultation des entreprises, vote des travaux.
  • Mois 11 à 22 : chantier organisé par phases, contrôles qualité réguliers, livraison des travaux à tous les copropriétaires.

Chaque immeuble présente ses propres défis : caractéristiques techniques, particularités administratives, attentes des résidents. Une gestion de projet experte et adaptée permet d’optimiser l’ensemble du processus de rénovation.

Parlons de votre immeuble : un expert Renovation Man vous accompagne pour définir un premier scénario, construire un budget cohérent et constituer une équipe de partenaires qualifiés pour démarrer en toute sérénité votre projet de rénovation énergétique collective.

FAQ

Pourquoi intervenir immeuble par immeuble pour la rénovation énergétique ?

Intervenir à l’échelle d’un immeuble entier cible les principales sources de déperdition énergétique simultanément. Ne pas le faire de manière cohérente peut entraîner des économies partielles et un confort non optimisé.

Quel est l’effet des nouvelles réglementations énergétiques sur la location ?

Les logements classés G ne peuvent plus être proposés à la location, avec des restrictions futures pour les classes F et E. Ne pas anticiper ces changements peut entraîner des pertes financières pour les propriétaires bailleurs.

Qu’est-ce que le DPE collectif et pourquoi est-il essentiel ?

Le DPE collectif fournit une évaluation énergétique globale et nécessaire pour planifier des améliorations efficaces. Ignorer cette étape peut conduire à des décisions basées sur des informations incomplètes ou obsolètes.

Comment organiser efficacement les travaux de rénovation énergétique ?

Une organisation rigoureuse commence par une planification claire du PPT et un financement solidement structuré. Négliger ces aspects peut ralentir les travaux et augmenter les coûts.

Quelle est l’importance d’un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) ?

L'AMO joue un rôle clé dans l’optimisation des financements et la structuration du projet. Se passer de cet expert peut coûter cher en termes de mauvaises décisions ou d’aide financière perdue.

L’individualisation et le pilotage de la consommation énergétique sont-ils réellement bénéfiques ?

Mesurer la consommation individuelle encourage la responsabilisation et l’économie d’énergie. Ne pas individualiser peut masquer des inefficacités énergétiques et créer des tensions parmi les copropriétaires.

Quelles sont les aides financières disponibles pour la rénovation énergétique en copropriété ?

Les aides telles que MaPrimeRénov’ Copropriété et les CEE soutiennent les projets ambitieux avec des gains énergétiques substantiels. Mais il est complexe de s’y retrouver, une préparation rigoureuse et des dossiers solides sont cruciaux.

Quels sont les défis courants dans les projets de rénovation en copropriété ?

Les projets sont souvent freinés par des contraintes administratives, des désaccords entre copropriétaires, et des dépassements budgétaires. Une anticipation de ces obstacles est essentielle pour maintenir le cap.

Articles suggérés